Advanced Bionics et la musique: présentation d'une étude clinique en cours
Advanced Bionics et la musique : présentation d’une étude clinique en cours
Julie BESTEL, Advanced Bionics
La perception de la musique avec un implant cochléaire est encore jugée insuffisante par la plupart des sujets implantés. Une des raisons avancées est que lors du codage des sons par l’implant, la tonotopie individuelle n’est pas respectée, ce qui entraîne une distorsion importante pour les sons musicaux, dont les fréquences sont en relations harmoniques. Afin d’améliorer cet aspect, nous proposons de définir la place de la stimulation électrique en fonction du positionnement de l’électrode dans la cochlée, en utilisant un modèle de répartition fréquentielle (AF, pour « alignement fréquentiel »). Le reste du traitement n’est pas changé, et il s’agit de la stratégie de codage HiRes™ d’Advanced Bionics.
Les sujets qui entrent dans cette étude sont des adultes nouvellement implantés, montrant une appétence pour la musique. Pour chacun, l’étude dure 6 mois, et vise à évaluer la perception de la musique avec les deux programmes HiRes standard et HiRes AF. Avant la première programmation de leur système, un sujet est affecté aléatoirement à un groupe. Pendant les 3 premiers mois, il recevra une option, puis pendant les 3 mois suivants la seconde option. L’autre groupe reçoit les deux options dans l’ordre inverse. Les sujets sont évalués à 1, 3, 4 et 6 mois après le premier réglage. La batterie de tests contient une partie « psychoacoustique », administrée via un logiciel, et comportant les 4 tests suivants :
· « pitch-ranking » (comparaison de 2 notes) ;
· comparaison de 2 mélodies de 4 notes ;
· jugement de la brillance (comparaison de 2 sons de même hauteur et de brillance différente) ;
· jugement de la durée d’attaque (comparaison de 2 sons de même hauteur et d’attaque différente).
Une vingtaine de sujets a maintenant terminé l’étude. Les résultats préliminaires sur l’ensemble des sujets testés montrent :
• pour le jugement de hauteur (pitch ranking) : une grande variabilité inter-individus, et une différence significative entre 3 et 4 mois (changement de l’alignement fréquentiel)
• Au test de timbre/attaque : les sujets sont performants (résultats proches des normo-entendants), avec peu d’apprentissage en moyenne au cours des 6 mois
• De même, au test de timbre/brillance, les sujets sont bons (résultats proches des normo-entendants), et progressent en moyenne au cours des 6 mois de l’étude.
À ce stade de l’étude, nous confirmons que la hauteur « musicale » est en général mal perçue par les sujets implantés, sauf pour quelques-uns, qui peuvent discriminer jusqu’à 1 demi-ton. Par ailleurs, les deux principales caractéristiques du timbre évaluées ici (brillance et attaque) semblent bien transmises par l’implant. Il est trop tôt pour conclure sur l’apport de l’alignement fréquentiel ; néanmoins, certains patients ont progressé après ce changement, alors que d’autres ont été gênés. Au-delà de cette étude clinique, où nous avons mesuré des performances, il est important de pouvoir fournir un entraînement à la perception musicale, dont le contenu et la structure restent à définir.
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