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Perception de la musique et prise en charge chez les patients implantés cochléaire

PECEPTION DE LA MUSIQUE ET PRISE EN CHARGE CHEZ LES PATIENTS IMPLANTES COCHLEAIRE

 

L. Monneron

Si les dernières générations d’implants cochléaires permettent à la  majorité des adultes devenus sourds une compréhension rapide de la parole sans lecture labiale, la perception de la musique reste encore une étape difficile à franchir.  Néanmoins, les demandes vis à vis d’une audition non plus tournée uniquement vers le côté utilitaire, mais aussi vers le plaisir, deviennent de plus en plus fréquentes. L’écoute de la musique en fait naturellement partie. Nous avons essayé de comprendre ce qui rendait cette écoute et cette reconnaissance difficile à appréhender, afin de pouvoir proposer une prise en charge adaptée à la demande de chacun.

 

Nous avons cherché à trouver un test qui pouvait mettre en évidence les remarques qui nous étaient présentées régulièrement ; c'est-à-dire en général une déception vis-à-vis de l’écoute avec un implant, d’anciens morceaux, qui n’étaient pas ou très mal reconnus , Ceci allant d’une impression de musique fausse, à la sensation de n’entendre que du bruit et non de la musique. Pourtant certains patients avaient renoué avec la musique et l’écoutaient même avec plaisir.

 

Nous avons choisi d’utiliser la Montréal Battery of Evaluation of Amusia élaborée par I PERETZ . Ce test d’évaluation nous a semblé intéressant sur plusieurs points . Tout d’abord il a été validé chez des personnes normo entendantes, ce qui permet une comparaison avec une écoute sans handicap ; il ne demande pas d’acquisition musicale, ne faisant appel à aucun processus cognitif antérieur à la surdité, ce qui permet d’éviter la suppléance mentale ; enfin il regroupe les 6 éléments nécessaires à l’écoute musicale dans sa globalité et ne teste pas le détail des perceptions (tests fort intéressants par ailleurs, mais tournés vers une étude fine des possibilités de l’implant et non vers le ressenti des patients)

Ces 6 éléments comprennent l’aptitude à repérer de variations mélodiques, la perception du rythme et de la métrique, et la mémoire incidente.

Les résultats sur 12 patients nous ont monté qu’il existait un net déficit de la perception de la mélodie alors que le rythme  était quasiment normalement perçu.

NE= normo entendants

 

Après un questionnaire détaillé proposé à chaque patient il nous est apparu que ceux qui avaient repris l’écoute de la musique avec plaisir ( seulement 3 sur 12 ) n’avaient pas de meilleurs résultats que les autres dans la perception de la mélodie.

Nous avons donc orienté la rééducation musicale suivant un axe de redécouverte globale en aidant le patient , non pas à récupérer ses performances antérieures , mais à établir de nouveaux repères afin de retrouver simplement le plaisir de l’écoute.

 

Cette rééducation se déroule généralement ainsi :

 

la recherche des anciens repères 

 C’est une rééducation qui plus qu’une autre doit être adaptée à chacun . Il est absolument nécessaire de débuter ce travail par un entretien visant à déterminer avec précision  les goûts musicaux  , les habitudes , et la gêne provoquée par la perte d’audition à tous les niveaux.  Pour pallier au détachement progressif vis-à-vis de la musique, qui survient dans la plupart des cas, il est nécessaire de faire appel à la mémoire si possible travailler des chansons puis des morceaux connus du patient. La suppléance mentale , comme dans la perception de la parole, permet en partie de combler les lacunes perceptives et de retrouver le morceau interprété. Il est très important de s’attacher à trouver le meilleur confort d’écoute possible , tant au point de vue de l’appareillage , que du réglage de la prothèse.

             

la construction de nouvelles bases

 Retravailler les bases du son : variation d’intensité , de hauteur, de rythme et de tempo.

Le premier travail doit se baser sur des exercices de discrimination : proposer deux structures différentes , d’abord très éloignées puis de plus en plus proche . Dans un second temps l’identification peut être proposée.

La redécouverte du timbre, des instruments et des voix  est aussi à envisager .

Un soutien visuel graphique ou filmé est important dans un premier temps ( un CD Rom est en cours d’élaboration dans cette perspective)

Enfin la découverte de nouveaux morceaux doit être proposée même si les repères ont changé.

 

Ce travail est proposé en partie sous forme de guidance, en séance de rééducation, avec l’idée d’un travail personnel à la maison.

 

Nous avons aussi pu mettre au point depuis trois ans un concert annuel précédé d’une après midi d’éducation musicale spécifique pour les patients implantés désireux de renouer avec le plaisir de la musique .

 

Les résultats globalement positifs de ces différentes expériences nous permettent de penser que malgré les performances encore limitées des implants dans le domaine de la musique, celle-ci doit être abordée avec tous ceux qui le demandent